Quelques éléments pour mieux appréhender la thèse et la recherche en droit

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Quelques éléments pour mieux appréhender la thèse et la recherche en droit

Grâce aux témoignages d'un Professeur de Droit et d'une doctorante, Carrières-juridiques vous propose de mieux comprendre en quoi consistent la recherche en sciences juridiques et le travail de thèse. 

La recherche, qui commence par un travail de thèse et se poursuit lors d’une carrière d’enseignant-chercheur, c’est pouvoir endosser de nombreuses missions :



-          Émettre une opinion dans l’élaboration des lois : comparer les législations de différents pays pour trouver des solutions innovantes, trouver les théories à développer pour des problèmes  très concrets (par exemple la responsabilité pénale de l’Etat, aujourd'hui encore au cœur des débats …).


-          Théoriser des mécanismes pratiques, commenter leur cohérence, leur incohérence …


-          Redécouvrir des documents et les diffuser, les analyser.


-          Informer la doctrine par le biais d’articles.


-          Expliquer des mécanismes institutionnels dont les rouages sont parfois peu clairs.


-          Aiguiller les avocats grâce à des analyses de jurisprudence.



La recherche profite donc à l’ensemble de la communauté juridique. A noter que le poste de chercheur en droit n’existe pas en temps que tel, une charge d’enseignement accompagne toujours des travaux de recherche.  

Elise Daniel, ATER à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, donne selon elle les plus grandes difficultés auquel un doctorant doit faire face durant son travail de thèse :



 « Les deux plus grandes qualités à avoir pour réussir une thèse sont sans doute l’organisation et l’opiniâtreté. Psychologiquement, le travail de thèse est un exercice difficile. Tout d’abord, c’est une épreuve en solitaire : sept heures par jour, presque tous les jours, on travaille en introspection. Bien sûr le directeur de thèse est là, mais l’essentiel à réaliser vient de soi.


Se dire qu’on écrira facilement est une fable. Ecrire ne serait-ce que trois pages par jour pendant plusieurs années, cela se fait aussi dans la douleur. L’angoisse de la page blanche n’est clairement pas un mythe. Souvent, on s’interroge : vais-je réussir ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Et des déconvenues comme ne pas obtenir un contrat doctoral (environ 1300€ par mois, mais en nombre limité pour chaque école doctorale) peuvent sérieusement décourager et faire douter de ses capacités.


Les solutions pour réussir sont simples : toujours garder de vue son objectif, choisir un sujet qui nous intéresse réellement, s’écouter et ne pas se tuer à la tâche lorsqu’on a simplement besoin de repos.


La thèse c’est alors en réalité 90% de mental, pour 10% d’érudition. Mais surtout, c’est une très belle aventure intellectuelle. »



  • Vous pouvez aussi accéder aux conseils d’Elise Daniel pour bien s’orienter durant ses dernières années à l’Université : ici.




Bruno DonderoProfesseur agrégé à l’Université Paris 1, nous fait part de quelques souvenirs de thèse :



 « J’en retiens que c’est avant tout un moment de grande solitude. C’est pour cela qu’il est important d’enseigner en parallèle lors de travaux dirigés, de sorte de ne pas perdre le contact avec la réalité et les personnes qui nous entourent. En outre, il ne faut pas oublier que la thèse est un pari important : on investit trois, quatre (voire plus) années de son travail, il faut donc les mettre à profit très intelligemment.  L’aspirant enseignant compose aussi avec une pression à obtenir les Félicitations du Jury lors de sa soutenance, car encore aujourd'hui c’est un atout essentiel pour démarrer sa  carrière à l’université. »


La thèse est aussi la clé pour accéder au doctorat, le grade universitaire le plus élevé et le plus prestigieux. Dès lors, de nombreuses portes s’ouvriront à vous : le concours de maître de conférences et de l’agrégation, le CRFPA  dont les épreuves seront allégées, la reconnaissance de cabinets d’avocats appréciant les caractéristiques d’un chercheur … Mais surtout, la satisfaction d’avoir mené à bien un travail exigeant faisant de vous un expert reconnu par ses pairs.

 



Propos recueillis par Delphine Sitbon, pour Carrières-juridiques.com