Présentation du master de droit comparé spécialité anthropologie du droit

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Présentation du master de droit comparé spécialité anthropologie du droit

Le master de droit comparé- spécialité anthropologie du droit de Paris 1 alimente, avec le master de droit comparé spécialité droits africains, l’équipe de chercheurs en anthropologie du droit de l’UMR 8103 de droit comparé de Paris.

Il est également partie de l’école doctorale de droit comparé, et du département 07. (Etudes internationales et européennes).   

La spécialité anthropologie du droit du master de droit comparé de Paris 1, constitue un bon passage en douceur de la formation juridique de master 1,  vers une approche à la fois scientifique et pragmatique, du fait de l’association entre droit et sciences sociales. Pour autant, l’approche scientifique (descriptive) du droit peut conduire tant à des recherches appliquées que pour certains, en thèse, à des recherches fondamentales.

 

 Pour faire connaissance avec cette formation, voici quelques extraits de la communication de Gilda Nicolau représentant le LAJP-UMR de Droit comparé de Paris à l’ Institut Max Plank de Halle, les 27 et 28 novembre 2013.

 Il était demandé aux intervenants des formations en anthropologie du droit d’Europe (25 établissements représentés), de répondre aux questions en gras.

Presque tous les étudiants sont des étudiants en droit qui obtiendront leur diplôme en droit comparé et certains d’entre eux continueront en doctorat. 

Il s’agit d’un enseignement complet et cohérent d’un an en droit comparé spécialité anthropologie du droit. Il compte 6 séminaires participatifs obligatoires de 24 heures chacun, et deux séminaires à option de 24 heures choisis entre sept.

Tous ces séminaires sont destinés au niveau master 2. 

Mon enseignement est focalisé sur le pluralisme juridique et sur les formes par lesquelles les sociétés  l’appréhendent ; ceci dans un premier temps comme une hypothèse  méthodologique ; ensuite comme une question politique et juridique. Ceci suppose également d’examiner le pluralisme juridique du point de vue interne des sociétés Etatiques. En ce sens, nous tâchons d’observer les phénomènes de pluralisme autour de trois catégories : le pluralisme de séparation, de subordination, de coordination. Dans une perspective juridique, cela implique ensuite d’examiner la réalité du pluralisme radical, à savoir du point de vue des individus appartenant à différents groupes, lesquels peuvent être très éloignés politiquement et culturellement.  

Les séminaires que j’anime : Concepts de l’anthropologie du droit, Anthropologie des pouvoirs normatifs et méthodologie, sont interdépendants et reliés aux enseignements des autres séminaires animés par cinq autres enseignants tous concernés par les questions interdisciplinaires.  Tous s’articulent principalement au tour du séminaire d’épistémologie et des deux séminaires de méthodologie.

 

En premier lieu, dans le séminaire  Concepts de l’anthropologie du droit, je présente l’évolution des théories du pluralisme juridique, en les reliant à d’autres théories telles que les théories du don, les théories de la reconnaissance, les théories du care, et d’autres manières de conceptualiser le pluralisme de la réalité.

 

Le second séminaire, Anthropologie des pouvoir normatifs, traite de la question du partage du pouvoir normatif a travers l’analyse du discours institutionnel et académique qui sera mobilisé dans l’analyse des recherches de terrain par les étudiants (études de genre, subaltern studies, étude des  minorités et peuples autochtones, théories critiques en général, théorie des actes de langage). Quant au séminaire de méthodologie, il est divisé en deux parties.  Un directeur de recherches en anthropologie et moi-même, assurons la première partie. Nous abordons les différentes méthodes de recherche de terrain développées en anthropologie.

Il n’est pas attendu des étudiants qu’ils réalisent un véritable travail de terrain en seulement quelques mois. Mais notre objectif est qu’ils soient capables d’appréhender le fossé qui existe entre le droit positif et la réalité juridique reconstruite à partir de celui-ci, de même que les manières dont l’un(e) transforment l’autre.

 

La seconde partie résulte d’une double activité : les étudiants doivent penser ce qu’écrire implique, avant de produire un mémoire de recherche fondamentale ou appliquée de 60 pages pour présenter et analyser leurs travaux de recherche. Les thématiques abordées peuvent être par exemple : la répudiation musulmane à Paris, ou le développement des pratiques de médiation au sein d’un syndicat d’un grand supermarché…

-       Connaitre les outils nécessaires pour mener un projet et un travail de terrain.

-       Etre capables de travailler seuls ou en groupes avec d’autres chercheurs et particulièrement des chercheurs de disciplines différentes.

-       Contextualiser le concept de droit en relation avec l’histoire et la géopolitique et en même temps, le considérer à partir du point de vue des personnes impliquées dans un conflit ou un litige, et des stratégies qu’elles ont à déployer que ce soit pour vivre ensemble pacifiquement (médiation) ou pour lutter en usant du droit (jugement adjudicatoire).

-       Acquérir une pensée critique et être capable d’écrire une analyse critique sur différentes manières de traiter un problème juridique. Avoir une pensée critique sur les différentes manières dont les personnes produisent ou accèdent au droit selon leur culture. 

-       Etres concernés par les questions d’accès au droit et prendre en compte les questions d’empowerment et de capacitation juridiques.

-       Reconnaître la diversité normative, que les normes soient officielles ou non (droit non écrit,  normes scientifiques, champs normatifs semi-autonomes, etc..) et la manière selon laquelle les différentes normes s’articulent.

-       Etre réactif et capable de proposer de nouvelles solutions d’intérêt public. 

Je pourrais présenter cette relation à deux niveaux : l’importance donnée aux travaux de terrain, et la part donnée à la prescription et à la description.  Dans ma manière de pratiquer l’anthropologie du droit, il s’agit d’une question de degrés.

 

Tout d’abord, en ce qui concerne le travail de terrain, les méthodes de recherche en sciences sociales sont bien plus sophistiquées et jouent un rôle fondamental dont on ressent l’influence dans la philosophie contemporaine, mais à mon sens pas suffisamment en droit français. Les étudiants en droit ne sont pas préparés pour réaliser des études de terrain, ni même pour observer la diversité du droit.  Quant aux relations entre démarche descriptive et démarche prescriptive et normative, il y a un fossé entre le droit et les sciences sociales, ce qui conduit à opposer une construction normative  de la réalité et une démarche descriptive qui tend à en rendre compte pour révéler l’activité normative et politique en actes, telle qu’elle est observée dans la vie des personnes au sein de leurs groupes d’appartenance.

 

L’objectif de l’étude en droit dans les universités françaises, est  au contraire de contrôler tout cela, avec une langue particulière et une forme particulière d’instituer la vie.

Je le vois comme une médiation, je veux dire par là une maïeutique entre des points de vue anthropologiques et légaux et comme un encouragement fait aux chercheurs de faire médiation avec les personnes auprès desquelles elles font leur travail de terrain (recherche-action).

Juridiquement parlant, la médiation institue dans les méthodes de recherche, un principe de reconnaissance mutuelle qui, dans notre monde juridique européen, conduit encore en général au contraire.