Georgetown Law : des LL.M pointus au cœur du pouvoir fédéral américain

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Georgetown Law : des LL.M pointus au cœur du pouvoir fédéral américain

                                                                                                                            

La law school de la capitale fédérale excelle dans des domaines bien précis : contentieux, droit financier, droit international, droit fiscal. Cette offre doit beaucoup à la présence des institutions fédérales américaines à deux pas du campus.


À Washington, à  mi-chemin du Capitole et de la Cour suprême, se trouve l’université de Georgetown. C’est, plus précisément, l’école de droit de la prestigieuse université qui, depuis 1890 dispense ses cours au cœur des institutions américaines. La deuxième Law School la plus importante du pays (selon le nombre de dossiers reçus), au cœur du pouvoir fédéral : « Welcome to D.C. ! »


Quel impact les autorités législative et judiciaire américaines peuvent-elles avoir sur des étudiants si ambitieux ? « Cette atmosphère irradie, pénètre littéralement le campus de l’école de droit. Les étudiants sont des témoins directs du travail législatif et des grandes décisions rendues par la cour suprême » explique Caryn Voland, assistante du doyen de Georgetown Law School. « Ils ont parfois l’opportunité de côtoyer les députés et avocats qui font la loi, de suivre de près leurs discussions » poursuit-elle.


La singularité de la ville même de Washington, son statut « au dessus des autres » lui confère une dimension unique. La capitale est placée sous l’administration directe du pouvoir fédéral. Historiquement, elle a été conçue comme un refuge pour le pouvoir fédéral. C’est la mutinerie de Pennsylvanie de 1783, lors de laquelle des milices des États fédérés s’étaient attaquées au Congrès qui a justifié la création de la ville en 1790. Une fondation ex-nihilo sur les rives du Potomac et jouxtant la ville de Georgetown, orchestrée par l’architecte français Pierre-Charles L’Enfant, ami de Georges Washington. 

Après avoir longtemps été une ville mineure, Washington gagne en légitimité après la guerre de sécession, symbole d’une unité retrouvée. La dynamique et l’économie de la ville, depuis lors, dépend largement des institutions fédérales, politiques et financières, toutes présentes en son sein. Ainsi que l’université de Georgetown.


Ce prestigieux voisinage confère à l’enseignement de cette université une personnalité singulière, et aux nombreux LL.M qui y sont proposés, une aura particulière. Car dans bien des domaines, les LL.M de Georgetown qui chaque année attirent plus de 200 étudiants étrangers, concurrencent les LL.M des plus grandes universités américaines comme Harvard, Yale ou Columbia.


« Le classement des J.D qui place Georgetown à la 13e ou 14e place des universités américaines n’est pas pertinent pour les LL.M » explique Ari Miller, de Weston Ivy, entreprise spécialisée dans la préparation des dossiers pour intégrer des LL.M américains. « Pour les programmes LL.M, Georgetown Law est largement considérée comme faisant partie du top 5 aux États-Unis » poursuit-il. « Cette université a un avantage indéniable par rapport à ses concurrentes, elle côtoie directement le pouvoir fédéral. » De nombreux acteurs importants de l’administration présidentielle dispensent des cours dans tous les programmes. « Vous imaginez, un conseiller spécial d’Obama se faire déposer devant la fac de Georgetown après une réunion dans le bureau ovale, pour donner des cours de droit international ? » s’amuse Ari Miller. 

De fait, c’est dans certains domaines précis que Georgetown surpasse la plupart de ses concurrentes. Quatrième en contentieux (« trial advocacy »), tr en droit fiscal (« tax law ») et droit international (« international law »). Devant Harvard, dans les trois cas. Michel Struys, avocat associé chez Allen & Overy depuis 2003 (où il s’occupe des restructurations de dettes et des aides d’État), est probablement un des plus anciens Alumni du LL.M de Georgetown. « J’y suis allé en 1989 pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait à mes yeux du meilleur programme possible dans ma spécialité, le droit international » raconte t-il. Pourtant, Michel Struys était admis dans plusieurs LL.M, à Duke, Chicago, New York University (NYU). Mais la qualité de l’enseignement en droit international de Georgetown l’a emporté : « après coup, je regrette même de ne pas avoir eu plus d’expérience à ce moment là, j’aurais pu en tirer plus de profit encore » ajoute t-il. S’en est suivi un parcours brillant en cabinet d’avocat et à la Cour de justice des communautés européennes, ou il a d’abord été conseiller référendaire. « Le juge irlandais m’a apprécié, notamment pour mon passage à Georgetown, ça lui a vraiment beaucoup plu – peut-être le côté jésuite ! Ensuite, j’ai dirigé son cabinet jusqu’en 2000 » conclue t-il.


Ce prestige résulte en premier lieu des LL.M spécialisés. « C’est ce que Georgetown met le plus en avant» explique Vincent Trumvens de Prépa LL.M, entreprise concurrente de Weston Ivy. Le conseiller explique également que la « personal statement », pierre angulaire du dossier de candidature (qui doit être déposée avant mi-février), doit être « dense et technique », en s’appuyant sur les informations disponibles en ligne.  Ari Miller, de Weston Ivy, précise : « il faut justifier son intérêt pour chaque cours, obligatoire et optionnel, et l’inscrire dans un projet de carrière solide. C’est vraiment là-dessus que nous insistons auprès de nos clients ».


La taille considérable de la Law School permet une profusion de choix. « Les étudiants peuvent choisir parmi des dizaines de cours, rien qu’en droit international » explique Vincent Trumvens. Le certificat en arbitrage international est l’une des plus belles formations de Georgetown. « En arbitrage, des cours incroyables notamment l’un de Marc Kantor sur l’effet de la jurisprudence de la Cour internationale de justice (droit international public) sur l’arbitrage d’investissement. Ce sont des cours exceptionnels, une spécialisation qui s’accorde parfaitement avec un Master 2 français dans cette spécialité » s’enthousiasme Ari Miller. 

Des cours qui laissent un large choix de carrières. Lorsqu’un diplômé d’un LL.M de Georgetown ne souhaite pas devenir avocat, obtenir le barreau de New York ou rentrer à Paris passer le CRFPA, quelles options s’offrent à lui ? La présence de nombreuses institutions, en liens directs avec les meilleures formations de l’université, permet un choix considérable de carrières. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale bien sûr, mais également le SEC (« Securities & Exchange Commission ») ou encore le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) offrent des débouchés de haut vol pour quiconque obtient un LL.M en droit financier ou en droit international. Il est d’ailleurs courant de rentrer les dirigeants de ces institutions qui enseignent pour beaucoup dans les différents programmes de Georgetown.

 

Jusqu’ici, l’université de Georgetown n’a pas révélé tout son potentiel aux étudiants français. D’après Caryn Voland, ils sont 17 sur 235 étudiants étrangers pour l’année universitaire en cours. Et encore : « d’habitude, ils sont entre 5 et 12 chaque année » détaille t-elle. Avant de poursuivre : « pourtant leur formation est généralement très solide, ils viennent des meilleures universités ou des « grandes écoles » et leur niveau d’anglais est tout à fait correct - plus de 100 points au TOEFL - même s’il leur faut du temps pour s’adapter au droit américain ».

 

 C’est que la réputation de l’université Washingtonienne ne rayonne pas autant que Harvard, Yale, NYU ou Columbia. Également, Son programme en droit des affaires « pur » n’est pas aussi prestigieux. Mais si après un Master 2 l’on souhaite se spécialiser dans certaines matières où l’université excelle, aucun doute que Georgetown soit une option de choix - d’autant que de nombreuses bourses existent pour financer ces LL.M. « Le réseau d’Alumni est étendu et très soudé à travers les 60 pays d’où proviennent nos étudiants, y compris en Europe et en France, où nos anciens occupent très souvent des postes dans les meilleurs cabinets d’affaires » explique Caryn Voland. Une information confirmée par Michel Struys, qui s’apprête l’année prochaine à retourner à Washington pour fêter les 25 ans de sa promotion.

 

 

Une promotion qui peut-être attire des personnalités de premier plan ? « Il y avait à l’époque le fils du président de l’Uruguay » se souvient-il. Parmi ses anciens élèves, Georgetown compte notamment un ancien président des Etats-Unis (Lyndon Johnson), le néo conservateur et ancien ministre de la Défense Donald Rumsfled ou encore Cyrus Vance Jr., ancien procureur de New York qui en 2011 a envoyé Dominique Strauss Kahn dans les geôles de Rikers Island. 

 

 

Julien Mucchielli
Journaliste 

 

 

Georgetown is a private and non-profit research university and is not affiliated with and does not endorse any private companies or law firms cited in this article.

 

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