« J’ai réussi le concours de conseiller de TA » - Pierre Sanson

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« J’ai réussi le concours de conseiller de TA » - Pierre Sanson

Pierre a réussi le concours de conseiller de tribunal administratif et a accepté de répondre à nos questions afin de vous conseiller ! 

 

Après un M1 en droit public, Pierre a choisi d’intégrer le M2 de droit public comparé de l’Université Panthéon-Assas (Paris II). Alors qu'il envisageait de poursuivre avec un LL.M. pour, in fine, exercer à l'étranger, il a décidé de rester à Paris pour préparer le concours. Ce qui l'a motivé? Son poste d'assistant de justice à la Cour administrative d’appel de Paris, un emploi qu'il exerçait parallèlement à son Master 2.

Carrières-juridiques.com. En quoi consiste ce concours ?

 

Pierre Sanson. Ce concours porte sur un programme 100% juridique : tout le droit public (y compris les sources européennes et internationales) et les fondamentaux de droit civil et droit pénal. Il y a trois épreuves écrites et deux épreuves orales, ce qui est assez peu comparé à d’autres « grands concours » comme l’ENA ou l’ENM. La première épreuve écrite, la note de rapporteur, est très spécifique à ce concours. C’est une sorte de « super cas pratique » à rédiger à partir d’un vrai dossier contentieux, qui contient des mémoires, des pièces et de la documentation. Il faut proposer sa solution du litige après avoir analysé les conclusions des parties et identifié les problèmes de droit, le tout en quatre heures. La deuxième épreuve est une série de trois ou quatre questions à réponse courte (une page et demi à deux pages environ de réponse par question), à terminer en une heure et demi. La dernière épreuve est une dissertation de droit, en quatre heures. Les épreuves orales d’admission se déroulent la même journée devant un jury de sept personnes. La première épreuve est un exposé de 10 minutes sur un sujet tiré au sort (30 minutes de préparation), suivi de 20 minutes de questions posées par le jury. La deuxième est un entretien avec le jury de 20 minutes, à base de mises en situation, pour tester la déontologie et la motivation du candidat.

 

C. J. Comment préparer ce concours? 

 

P. S. L’idéal est de devenir stagiaire/assistant de justice dans une juridiction car c’est sans doute le meilleur moyen de se former au contentieux. Je recommande également d’assister aux colloques organisés par les juridictions suprêmes. C’est l’occasion d’apprendre le droit avec des praticiens et de se forger une vision concrète du droit, ce qui est indispensable. Enfin, il est impératif de suivre l’actualité juridique (notamment l’AJDA et les rapports du Conseil d’État). S’agissant de l’organisation des révisions, il faut bien sûr se faire un programme sur l’année (le programme officiel du concours est précisé dans un arrêté du 28 septembre 2012). Dans un premier temps, il faut voir et revoir les fondamentaux car beaucoup de candidats se font coller sur le programme de L2, ne sachant pas répondre à des questions dont les réponses se trouvent dans le GAJA. Puis, on peut se lancer dans les matières plus techniques. Enfin, il faut insister sur les chapitres souvent négligés à la fac comme le droit des étrangers et la fonction publique.

 

C. J.com. Quelle préparation adopter pour les épreuves orales ? 

 

P. S. Il faut s’y préparer le plus tôt possible. On peut constituer un petit groupe de trois ou quatre personnes et s’organiser des sessions au cours desquelles chacun récite devant les autres un exposé sur un sujet tiré au sort. Je recommande aussi d’assurer quelques travaux dirigés, en droit constitutionnel ou administratif par exemple. Il faut aussi parler du métier de magistrat administratif à ceux qui ne le connaissent pas ; beaucoup de questions posées par le jury, par exemple « notre société a-t-elle vraiment besoin d’un juge distinct du juge judiciaire ? », sont proches de celles que posent des non juristes. Enfin, il est possible d’assister aux épreuves orales du concours, en s’inscrivant en octobre depuis une plate forme sur le site du Conseil d’État.

 

C. J.com. Penses-tu qu'il est utile de faire une prépa ? 

 

P. S. Oui car aucune université ne prépare à la « note de rapporteur », l’épreuve au plus gros coefficient. Par ailleurs, si les autres épreuves (dissertation et questions à réponses courtes) sont plus classiques, les sujets appellent une réflexion plus dynamique et transversale que celle que l’on apprend à bâtir à l’université, souvent formelle et centrée sur un chapitre particulier. Quant aux oraux blancs, il est difficile d’en passer autrement qu’avec une prépa. Une prépa permet aussi de s’obliger à répartir ses efforts tout au long de l’année. Enfin, les prépas envoient régulièrement des fascicules, ce qui n’est pas négligeable vu l’étendue du programme. De ma promo de trente lauréats, une seule n’en avait pas suivi.

 

 

Propos recueillis par 
Pierre Allemand & Clémentine Anno

@pierre_ald@clementine_anno