À Berkeley la rebelle, des candidats aux dossiers atypiques pour des LL.M renommés

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À Berkeley la rebelle, des candidats aux dossiers atypiques pour des LL.M renommés

L’atmosphère de l’université de San Francisco est un atout à elle seule. Mais au-delà de la conscience politique qui imprègne les lieux depuis les années 1960, l’établissement public a su hisser son enseignement à un très haut niveau, voire le meilleur du pays – comme en propriété intellectuelle. Une personnalité singulière qui induit une « personal statement » et un dossier de caractère. 

Berkeley, « une grande université publique ». Ce sont les mots de Frederick Wiseman, peut-être l’un des plus grands documentaristes vivant, auteur du film « At Berkeley » en 2013. Il y filme notamment des étudiants qui protestent contre l’augmentation des droits d’inscription, révolte dont les étudiants de Berkeley sont à la pointe. Comme en 1964, lorsque les sit-in de l’université avaient contraint les autorités à autoriser la liberté d’expression sur les campus. « Free speech » ; « free education », même esprit, même combat.


Berkeley, 50 ans après, donc, c’est avant tout une âme. Et l’excellence de son enseignement, avant tout un fait : l’université de San Francisco est un membre incontesté du top 10 des universités américaines, des « law school », et ce dans tous les domaines. Une excellence académique à laquelle s’allie un art de vivre et un campus uniques.

« C’est une mentalité très années 60, tout est ouvert, le campus est ouvert au monde » raconte Alexandrine Ananou, une avocate canadienne collaboratrice au cabinet Allen & Overy à Paris. La jeune femme a trouvé à Berkeley une apothéose parfaitement adaptée à son parcours universitaire hors du commun : au Canada d’abord, où elle suit des études de pharmacologie, puis de droit à Montréal. Puis à Cambridge, où elle est diplômée d’un M. Phil en épidémiologie et biostatistiques. Avant de s’orienter vers le LL.M de Berkeley, obtenu en 2010. « C’était pour combiner mes compétences légales et scientifiques que j’ai choisi de suivre les cours de propriété intellectuelle à Berkeley. Je n’avais pas d’autres envie : dans cette matière, Berkeley a le meilleur programme du monde, tous les professeurs sont des sommités » résume t-elle.


Dans le domaine, Stanford, sa voisine, se positionne également comme un incontournable. « Mais Berkeley offre l’avantage d’accueillir quatre fois plus d’étudiants en LL.M chaque année » note Vincent Trumvens de l’entreprise Prépa LL.M, spécialisée dans la préparation des dossiers pour les étudiants français souhaitant intégrer un LL.M. Chaque année, le programme LL.M accueille 180 étudiants en parcours traditionnel et 200 en parcours professionnel.

Si l’enseignement en propriété intellectuelle apparaît comme la panacée de Berkeley, un très large choix s’offre aux étudiants du monde entier – dans tous les domaines. Ici, pas de LL.M spécialisé comme à New York University (NYU) : la formation est généraliste. En plus d’être titulaire d’un LL.M, les étudiants ont l’opportunité de passer un certificat en « Business Law », « Environmental Law », ou encore « Law & Technology ». D’ailleurs, leurs offres en droit environnemental et droit international fait autorité : respectivement 3e et 7e selon le classement US News de 2015.  Et ce, en formation initiale ou continue. Car c’est une particularité de Berkeley: l’universite propose une formation LLM destinée aux professionnels: le LL.M Professional Track. Les jeunes collaborateurs (junior ou mid-level) qui ne peuvent passer neuf mois aux Etats-Unis pour suivre un LL.M viennent deux étés de suite et obtiennent le diplôme. « C’est une solution extrêmement pratique dans bien des cas. Le seul problème est que cela ne permet pas de passer le barreau de New York, mais il est toujours possible de tenter celui de Californie, ce qui permet également d’obtenir le barreau de Paris via la procédure de larticle 100 » explique Freamon.

De fait, le dynamisme de Berkeley est extrêmement reconnu : l’ambiance « à la californienne » - baie de San Francisco, à deux pas du centre-ville - laisse de grands souvenirs aux étudiants de LL.M, les professeurs qui enseignent gardent souvent le contact avec leurs étudiants. Pierre Honoré, collaborateur chez Bredin Prat, a passé l’année universitaire 2006-2007 à Berkeley. Après Science Po Paris, un DESS (Master 2) à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il passe le CRFPA, obtient plus de 100 au TOEFL (obligatoire) puis choisit le LL.M de l’université californienne pour l’excellence de son enseignement. « J’ai choisi de suivre des cours sur l’antitrust, qui était déjà ma spécialité – parce que je savais que j’allais en apprendre encore plus là-bas » témoigne t-il. Pierre Honoré est toujours en contact avec certains professeurs : « accessibles, sympathiques, grâce à ça, on apprend énormément et extrêmement bien » confirme t-il. De fait, Berkeley est classée dans le top 4 en droit de la concurrence, au côté de facultés comme NYU, Chicago et Harvard. La qualité du diplôme en droit des affaires rivalise avec toutes les autres universités américaines, et permet de la même façon d’intégrer les départements « corporate »  des plus grands cabinets – comme Cleary Gottlieb, et Sullivan & Cromwell

Chaney Kourouniotis, responsable communication pour le LL.M, explique la recette qui place Berkeley dans une dimension particulière : « À la différence d’autres universités, nos étudiants en LL.M suivent des cours dispensés par les meilleurs professeurs, pas par des remplaçants, des professeurs recrutés en sus de l’équipe enseignante (des « adjunct professors »). Depuis une dizaine d’années, nous avons augmenté le corps enseignant de 40%, pour atteindre un ratio professeurs/étudiants de un pour douze, et de plus en plus de bourses LL.M leur sont proposées » ajoute t-elle. Pour financer un LL.M dont le coût dépasse les 50 000 euros, plusieurs bourses existent. White & Case en propose trois, la commission Fulbright à peu près autant.


« C’est la fierté de Berkeley » explique Matt Freamon de l’entreprise Weston Ivy, qui à l’instar de Prépa LL.M aide les étudiants à préparer leurs dossiers pour êtres admis dans les LL.M américains. « Du fait de leur identité, de leur excellence dans certains domaines, ils savent qu’ils attireront un public particulier qui aurait tout aussi bien pu faire un LL.M à Columbia ou NYU. » poursuit-il. L’université californienne est sensible à cette « marque d’affection », et ceci, poursuit le consultant, doit se ressentir dans la « personal statement ». Des critères comme la volonté de publier un article dans une revue juridique spécialisée dans cette « statement ». Surtout, « plus encore pour Berkeley que pour d’autres LL.M, l’étudiant dans son dossier LL.M doit montrer son intérêt pour certains professeurs, certaines spécialités qui s’inscrivent dans leur cursus universitaire et servent des objectifs professionnels clairement définis »

L’académisme des parcours français est leur principal défaut. « Le souci du candidat français est que son dossier n’est pas forcément le plus palpitant à lire » explique Matt Freamon. À côté d’un israélien qui aura fait trois ans de service militaire, ou d’une canadienne comme Alexandrine Ananou qui a un parcours poussé en biologie, le français de 23 ans qui arbore comme seule expérience un Master 2 pourra paraître fade. « Ce que l’on veut, c’est que le dossier du candidat raconte son histoire personnelle, singulière, pas qu’il énonce des banalités comme ‘l’importance d’une formation en common law pour intégrer les cabinets internationaux » poursuit-il. Il faut sortir des ornières du parcours académique classique : « celui qui a un Master 2 en droit fiscal et qui vient d’une famille modeste pourra arguer de sa volonté de réformer le droit fiscal pour les petits commerçants comme ses parents ». Ou encore « la jeune femme qui vient d’un milieu rural viticole,  qui a fait un Master de droit des affaires à Assas et se sent “outsider”, donnera envie à Berkeley de la prendre si elle évoque sa volonté de se consacrer également à l’aide aux starts-ups dans le monde du vin.»  Ce genre de dossier sort du lot des 7500 que l’université reçoit chaque année, évite que l’examinateur s’arrête au premier paragraphe et remise la candidature sur le tas des profils formatés. Pour Matt Freamon, « l’ennemi du candidat français, ce n’est pas le concurrent dans sa promotion mais l’ennui du correcteur ».  

 

 


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