Virgile Delporte : « Testamento.fr connait une forte notoriété au sein du notariat »

Virgile Delporte : « Testamento.fr connait une forte notoriété au sein du notariat »

Testamento.fr vise à démocratiser l’accès au testament. Si, en 2013, lors de son ouverture, le site à provoqué une réaction épidermique au sein du notariat, il est aujourd'hui reconnu par la profession. En pleine expansion, il a d’ailleurs annoncé une levée de fonds de 342 000 euros il y a quelques jours. Une occasion de revenir avec Virgile Delporte un de ses fondateurs, sur ces nouveaux objectifs.  

Carrières-Juridiques.com. Pouvez-vous nous expliquer brièvement votre parcours ?


Virgile Delporte. J’ai une formation tournée vers l’entrepreneuriat. J’ai suivi un cursus en finance et commerce international à l’Université de Paris XI, puis à la South Bank University à Londres. Ma première expérience entrepreneuriale remonte à 1999, dans une start-up développant un logiciel informatique dans le secteur du jeu vidéo. Celle-ci a été vendue à Dassault Systèmes en 2006 que j’ai pu intégrer en tant que vice-président electronic entertainment. Après quatre années, j’ai souhaité retrouver le monde entrepreneurial auquel je suis attaché.


C-J.com. Comment vous est venue l’idée de créer le site testamento.fr ?


V. D. L’idée m’est venue lorsque j’ai été amené à faire un testament. Je me suis rendu compte quelques temps après mes démarches que le document n’était pas valable. Je me suis dit qu’il y avait un réel besoin de simplification et de démocratisation des démarches testamentaires. Ne connaissant pas bien le droit des successions et l’univers notarial, je me suis rapproché de plusieurs notaires pour essayer de comprendre avec eux quelle valeur un tel service pourrait apporter. Avec les deux autres fondateurs du site, nous avons pu constater que 90 % des successions se faisaient sans testament. Notre volonté était donc de faire quelque chose de simple pour permettre à chacun de faire des démarches testamentaires sans avoir besoin de se déplacer. Nous nous sommes également intéressés à ce qui se fait à l’étranger, notamment aux Etats-Unis. Nous avions constaté que ce genre de site existait déjà outre atlantique et connaissait un certain succès.


C-J.com. Comment le site a-t-il été accueilli par le notariat ?


V. D. Il n’a pas été aisé de convaincre les premiers notaires. Nous avons dû leur expliquer que nous n’étions pas là pour casser la profession, mais bien parce qu’il existe un besoin sur le marché. Testamento.fr connait à présent une forte notoriété au sein du notariat. Nous discutons régulièrement avec les instances représentatives, notamment le Conseil supérieur du Notariat. S’il est vrai qu’il y avait une certaine véhémence de la profession au début, il n’y a plus aujourd’hui aucune animosité.


Toute une partie du site est destinée à diffuser de l’information générale sur les successions. Dans cette optique, nous proposons aux utilisateurs du site, un « kit d’info Succession » personnalisé en fonction de leur situation (mariés, célibataires, avec ou sans enfants). L’utilisateur reçoit l’information gratuitement, notamment sur la fiscalité de la succession et sur les héritiers en cas d’absence de testament. Le volet pédagogique prend une place importante sur le site. Cet aspect plait tout particulièrement aux notaires qui n’ont pas forcément le temps et les outils numériques pour informer le grand public.


C-J.com. Pouvez-vous nous expliquer le concept global du site ?


V. D. Nous proposons des modèles de testaments olographes. Il s’agit d’une catégorie qui ne relève pas du monopole du notaire. L’utilisateur reçoit un modèle qu’il doit recopier à la main. Il peut ensuite le conserver chez lui ou le déposer chez le notaire de son choix. L’utilisateur peut également réaliser ces démarches avec nous, en passant par les notaires du « réseau Testamento ». Cette seconde formule comprend une relecture par un notaire, l’inscription au fichier central des dispositions des dernières volontés et la conservation à vie du testament en toute sécurité chez le notaire. Les deux formules s’élèvent respectivement à 34,90 euros et 69,90 euros.


C-J.com : Vous venez de lever 342 000 euros. Quels sont les nouveaux projets liés à cette levée de fonds?


V. D. Nous étions arrivés à un moment où il était nécessaire de lever des fonds. Dans cette opération, j’avais réellement envie que nos investisseurs puissent nous apporter quelque chose de plus qu’un simple apport financier. Je suis donc ravi de pouvoir compter parmi nos investisseurs, Thierry Petit, co-fondateur de Showroomprivé et Cyril Janin, fondateur de Keljob.com et Directeur Général de Logic-immo.com, qui nous aident à voir grand. En tout, ce sont une cinquantaine de personnes qui ont décidé de nous aider dans le développement de notre projet.


De façon concrète, nous allons développer plusieurs points particuliers. Nous souhaitons tout d’abord perfectionner notre technologie en recrutant des développeurs. Parallèlement, nous aimerions communiquer auprès du grand public via de nouveaux grands partenaires institutionnels. Cette levée de fond nous permettra de mettre en place cette nouvelle stratégie marketing.


C-J.com : Quels sont vos objectifs à plus long terme ?


V. D. La première version de notre technologie est aujourd’hui aboutie. Les outils que nous avons développés peuvent désormais s’adapter à d’autres pays. C’est donc naturellement que nous espérons pouvoir nous développer à l’étranger. Nous souhaitons également pouvoir profiter de cette technologie pour couvrir un maximum de besoins en matière juridique, sans nous limiter au testament.

 


Propos recueillis par Capucine Coquand