Philippe Rochmann : « La transparence des débats permettrait d'éviter certaines idées reçues sur le conseil de l'ordre »

Philippe Rochmann : « La transparence des débats permettrait d'éviter certaines idées reçues sur le conseil de l'ordre »

Laurence Kiffer et Philippe Rochmann ont un point en commun : un engagement de longue date pour leur profession. Alors que la première est plutôt tournée vers l’international, le second est plus centré sur l’insertion professionnelle et la formation. Deux réseaux qui se complètent, poussant les deux candidats à faire campagne commune pour le conseil de l'ordre du barreau de Paris. 

Carrières-Juridiques.com. Pouvez-vous décrire votre parcours et votre personnalité ?


Laurence Kieffer. J’exerce depuis vingt-cinq ans et suis actuellement associée au sein du cabinet de niche dédié au règlement des litiges, Teynier Pic. Mon activité est essentiellement tournée vers l’international. Je crois à la force de l’engagement, c’est la raison pour laquelle je me suis toujours intéressée au milieu associatif, qu’il s’agisse d’association caritative, d’association d’anciens élèves ou maintenant d’associations professionnelles comme l’Association française d’arbitrage (AFA), l’Union Internationale des avocats (UIA), l’association Femmes & Droit ou encore Droit et Procédure. J’ai aussi œuvré pour la promotion et la visibilité de Paris comme place de droit.


Philippe Rochemann. Je suis avocat depuis 1992, j’étais auparavant conseil juridique. Je suis associé-gérant de Maison Eck depuis 1988, un cabinet fondé en 1882, spécialisé en droit fiscal. Dès la fusion en 1992, je me suis engagé auprès de mes confrères pour la défense de la profession. J’ai été impliqué dans plusieurs instances professionnelles, administrateur de l’Ecole de formation du barreau, membre du Comité de direction de la CARPA et administrateur de l’Union nationale des CARPA. J’ai également assuré des fonctions syndicales au bureau national de l’Association des avocats conseils d’entreprise (ACE). Depuis 2009, je suis président de la Compagnie des avocats conseils de Paris et d’Île-de-France, un syndicat professionnel créé en 1876. J’ai toujours eu le goût de la chose publique et de l’ouverture vers les autres. J’ai également eu l’occasion de m’engager dans une organisation d’étudiants et plus tard dans une fédération de parents d’élèves. Toutes ces expériences sont riches de rencontres inoubliables.


C-J.com. Pourquoi vouloir vous présenter à l'ordre ?


L. K. Je crois à l’action collective et au rayonnement du Barreau de Paris à l’international. Ma pratique des modes alternatifs de résolution des litiges est un atout pour appréhender la nouvelle donne de la Justice du XXIe siècle et convaincre du rôle de Paris comme place de droit. Soucieuse des équilibres entre hommes et femmes, il me semble que plus que jamais notre profession s’intéresse à ces équilibres.


P. R. C’est la suite logique de mon engagement vis-à-vis de mes confrères et de la profession d’avocat. À la demande d’anciens bâtonniers, j’ai été un lanceur d’alertes aux côtés du barreau de Paris, pour éviter que la loi Macron ne légalise le transfert d’une grande partie de notre activité aux experts-comptables en janvier 2015. Je participe également au barreau entrepreneurial depuis sa création. J’ai été expert de la commission « Statut professionnel de l’avocat » et suis actuellement expert de la commission Droit de l’entreprise du Conseil National des Barreaux. Enfin, j’aide mes confrères au niveau du choix des structures juridiques pour leur installation ou la modification de leur structure. Compte tenu de l’ensemble de ces engagements j’ai pensé qu’il était temps d’entrer dans le cœur du réacteur et de présenter ma candidature au Conseil de l’Ordre en espérant recueillir les suffrages de mes confrères. L’élection de mes amis Fréderic Sicard et Dominique Attias au bâtonnat en juin dernier a été le déclic qui me manquait pour franchir ce pas et me présenter aux suffrages de mes confrères.


C-J.com. S'il n'y avait qu'une seule chose que vous aimeriez changer au barreau de Paris quelle serait-elle ?


L. K. Mon souci n’est pas tant de changer le Barreau de Paris que de mettre mon engagement et ma connaissance de notre profession en France et à l’étranger au service de notre Ordre. Cependant, j’aimerais que l’action du Barreau emporte l’adhésion du plus grand nombre et que nos confrères soient plus conscients de son rôle, qu’ils l’appréhendent comme un partenaire sur lequel ils peuvent s’appuyer.


P. R. La réponse est difficile car j’adhère, par hypothèse, aux propositions des candidats au bâtonnat Fréderic Sicard et Dominique Attias, élus en juin 2015 et qui prendront leur fonction au 1er janvier 2016. Je pense tout de même que la transparence des débats au conseil sur les affaires qui ne concernent pas des confrères nommément désignés permettrait d’éviter un certain nombre d’idées reçues sur le conseil de l’Ordre. En effet, celui-ci est composé de quarante-deux consœurs et confrères qui avant tout donnent de leur temps et mettent leurs compétences au service des autres et le faire savoir est la meilleure communication qui puisse exister.


C-J.com. Que proposez-vous de concret pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes avocats ?


L. K. L’insertion professionnelle se fera plus facilement dans des domaines dans lesquels il y a des besoins des clients. Nous le savons, le marché des prestations juridiques change et c’est pour cela que le Barreau de Paris a créé en 2014 un incubateur des prestations juridiques en Europe qui a pour vocation de piloter un travail de réflexion et d’action en matière d’innovation au sein de la profession d’avocat et plus généralement dans le monde du droit. Dès lors qu’il existe de nouveaux marchés, il existe de nouveaux domaines du droit. La créativité est la qualité essentielle de l’avocat qui doit être proactif dès son insertion dans la vie professionnelle en sachant détecter une voie d’avenir.


P. R. La formation, rien que la formation et toujours la formation ! Certaines activités de l’avocat peuvent être menacées par ce qu’on appelle « l’uberisation de la justice et du droit». Nous devons nous préparer à cette nouvelle économie. Nous devons impérativement augmenter la valeur ajoutée de nos prestations, notamment à travers une formation initiale très pointue mais surtout plus axée sur la pratique professionnelle qui permette à nos étudiants d’entrer très rapidement dans la vie active, aussi bien en France qu’à l’international et d’apprendre à gérer un cabinet comme une entreprise.