Aujourd’hui, les titulaires d’un M1 peuvent encore se présenter à l’examen d’entrée aux CRFPA. Mais, peut-être, plus pour très longtemps : le CNB propose de durcir l’entrée à l’IEJ en exigeant un M2. « Nous ne sommes pas favorables à cette proposition, l’entrée en M2 constituant à elle seule une première barrière », souligne Chloé Belloy, candidate au vice-bâtonnat de Paris avec Jean-Jacques Uettwiller. Pour Nathalie Dubois, candidate aux côtés de Carbon de Sèze, il faut plutôt augmenter la moyenne à douze sur vingt. Quant au binôme Cousi-Roret, il propose de rendre la formation à l’EFB diplômante en délivrant aux élèves-avocats un M2 en procédure.
Rendre la formation initiale professionnalisante demande évidemment des ajustements. Pour s’exercer à la pratique, le duo Jean-Jacques Uettwiller-Nathalie Dubois propose d’intégrer des ateliers en petits groupes animés par des avocats. « Il faut apprendre aux élèves la profession d’avocat à travers la pratique, rien que la pratique », exhorte Rabah Hached, candidat au bâtonnat de Paris avec Aïcha Dourouni-le-Strat.
Diminuer le nombre d’heures
La formation à l’école professionnelle gagnerait à être transversale pour accompagner les élèves-avocats sur le marché de l’emploi. « Il faut développer chez les étudiants d’autres compétences, tels que la maîtrise de la relation avec les clients et les magistrats, voire l’entrepreneuriat, explique Nathalie Dubois. Il faut ouvrir l’EFB aux avocats qui y suivraient une formation continue, ce qui serait enrichissant pour l’élève et un défi pour les professeurs. » Les carrières juridiques n’étant plus linéaires et les millennials réputés pour changer fréquemment de poste, il reviendrait donc à l’EFB de fournir aux élèves-avocats les moyens d’être polyvalents. Et cette faculté d’adaptation, à tous les aspects de leur futur métier, ne doit pas se cantonner à de la théorie: « Il faut aussi envisager la pratique pour la déontologie », rappelle Nathalie Roret.
Dans sa proposition, le Conseil national des barreaux propose une diminution de dix-huit à douze mois, soit 240 heures de formation. Faut-il faut réduire davantage, le nombre d’heures ? Nathalie Dubois y est favorable : « Tant que cela se justifie par une volonté de diminuer le taux d’absentéisme des élèves-avocats. » Comme le souligne Olivier Cousi, « il y a trop d’élèves, il faut avancer vers des pôles universitaires, à l’image de l’Hedac ».
Dans l’état actuel de la réglementation, le stage final est exercé au troisième tiers de la formation. Avec la proposition de réduction à douze mois, il s’agirait donc des six derniers mois. Pour faciliter cette nouvelle organisation, il conviendrait ainsi de créer deux à trois pools d’élèves-avocats afin d’équilibrer l’offre et la demande. « Il ne faut pas mettre des bâtons dans les roues des élèves-avocat », exhorte Nathalie Dubois. Qui espère bien que le bâton lui reviendra.
Pierre Allemand