La police recrute : entretien avec Tatiana Brissot et Lise Robillard, responsables de l'unité de promotion recrutement et égalité des chances

La police recrute : entretien avec Tatiana Brissot et Lise Robillard, responsables de l'unité de promotion recrutement et égalité des chances

La police n’a pas toujours une bonne image auprès du public. Elle offre pourtant une grande diversité de métiers et de réelles opportunités de carrière.

 

Dans une volonté d’éclaircissement du recrutement et de la formation dans ce domaine, le capitaine Tatiana Brissot et le commandant Lise Robillard nous ont reçu dans les locaux de la Délégation au Recrutement et à la Formation de Paris Ile de France. Toutes deux sont en charge de l’unité de promotion recrutement et égalité des chances. Elles nous ont confié leurs impressions sur le recrutement dans la police, et son évolution actuelle. 

Tatiana Brissot : Il existe différentes possibilités d’intégrer la police. Tous les niveaux de recrutement sont possibles. Nous avons des jeunes qui n’ont pas le bac, comme des diplômés de niveaux bac +5, qui intègrent la police chaque année. 

Lise Robillard : Déjà il est important de rappeler qu’il existe une opportunité pour les jeunes âgés entre 18 et 30 ans, d’accéder au poste d’adjoint de sécurité, sans aucune condition de diplôme. Lorsqu'il est accepté sur dossier, le candidat bénéficie d’une formation professionnelle en école de police. Une fois sa formation terminée, il devient contractuel de droit public. En tant qu’adjoint de sécurité, il assiste alors les fonctionnaires de police dans l’exercice des missions de prévention et de répression de la délinquance, de surveillance générale et d’assistance aux victimes.

 

Le corps d’encadrement et d’application est constitué par les gardiens de la paix recrutés par concours. Après une formation de 12 mois, le candidat ayant minimum un niveau baccalauréat est affecté en fonction de son rang de classement en fin de scolarité. Ses missions s’effectuent aussi bien dans des services d’enquête et de renseignement que dans des unités d’intervention ou de maintien de l’ordre.

 

L’officier de police lui, assure les fonctions de commandement opérationnel des services et d’expertise supérieure en matière de police et de sécurité intérieure. Pour passer le concours, le candidat doit être titulaire d’un diplôme sanctionnant la réussite à 3 années d’enseignement supérieur après le bac. Une fois admis, il suit une formation alternant stages en école et en services actifs.

 

Enfin, pour être commissaire, il faut être titulaire d’un Master 2. En raison du peu de places de commissaires disponibles, ce concours est devenu extrêmement difficile. Les candidats qui le réussiront seront par la suite élève commissaire de police pendant deux ans. Ils appartiennent alors au corps de conception et de direction de la police nationale. Les commissaires constituent un corps technique supérieur à vocation interministérielle relevant du ministre de l’intérieur. Ils sont chargés de l’élaboration et de la mise en œuvre des doctrines d’emploi et de la direction d’un service.

T.B : Bien sur. Il faut comprendre, qu’il y a bien moins de personnes qui se présentent au concours interne. Il est donc logiquement plus accessible que le concours externe.

 

C’est pas pour autant que l’accès au concours interne est très facile. Sur les 50% des places destinées aux personnes qui font déjà partie de la police, 22% des postes sont destinés au concours interne, 22% à la voie d’accès professionnelle, et 6% au « choix ».

 

L.R : En effet parallèlement au concours interne, il existe une passerelle entre les différents corps. C’est ce qu’on appelle la voie d’accès professionnelle (VAP) . Elle permet à un gardien de la paix de devenir officier de police, et à un officier de police de devenir commissaire de police. Basée sur l’expérience professionnelle du candidat, cette voie d’accès comporte quatre étapes : un questionnaire, la constitution d’un dossier, validé par le chef de service du candidat, un stage probatoire et un entretien avec un jury national.

 

Enfin, le recrutement dit  « au choix » permet à un chef de service de proposer un avancement dans le corps supérieur à un fonctionnaire particulièrement méritant et compétent.

L.R : Tout à fait. Depuis 2005, il existe des classes préparatoires intégrées (CPI) pour les concours externes d’officier et de commissaire.  Toutes les personnes qui remplissent les critères pour être boursier et les diplômes nécessaires pour passer le concours peuvent déposer un dossier de candidature et passer un entretien. Une fois qu’il rentre dans la CPI, le futur candidat est hébergé, au sein de l’ENSP,  durant toute la durée de la préparation au concours, de septembre à mars.


T.B : Nous sommes très satisfaits de ces CPI, qui sont une vraie réussite pour l’égalité des chances. 
De 2005 à 2013, il y a eu 98 élèves à la CPI de l’école de commissaire. Parmi eux 14 sont devenus commissaires, 12 sont devenus officiers, 16 sont devenus gardiens de la paix et 20 ont réussi d’autres concours.

 

Il faut aussi noter, que certaines universités proposent des préparations pour ces concours. (La faculté de Nanterre par exemple a mis en place un module pour préparer au concours de gardien de la paix). Pour le concours de commissaire ou d’officier, ils sont généralement préparés au sein des IEJ (instituts d’études judiciaires).

 

Enfin dans le cadre de l’égalité des chances, il est nécessaire d’évoquer la formation des cadets de la République qui permet à des jeunes (dans les mêmes conditions que le recrutement des ADS), de suivre une préparation au concours de gardien de la paix en recevant une allocation d’étude de 500 euros environ par mois. 

 

T.B : On peut même dire qu’il a considérablement été transformé ! Les métiers de la police eux même ont largement évolués ces 15 dernières années, ce qui a inévitablement touché le recrutement.

 

En 1995, la réforme des corps et carrière a réuni sous un même recrutement les officiers de Paix (chargés du commandant des effectifs en tenue) et les inspecteurs de police (chargés des enquêtes judiciaires), ces derniers disparaissant pour devenir le corps des officiers, avec un positionnement de cadre de la fonction publique, une redéfinition de leur mission et un déflation du corps. 


Les gardiens de la paix, ont parallèlement vu leurs missions se diversifier. Aujourd’hui ils accomplissent des missions de terrain, ce sont eux les vrais enquêteurs judiciaires. Depuis 2004, ils doivent obligatoirement avoir le bac pour pouvoir s’inscrire au concours.

T.B : Le recrutement de la police évolue beaucoup en ce moment.

 

D’ailleurs de nouvelles épreuves sont prévues pour le concours 2014 de gardien de la paix. Une fois les épreuves d’admissibilités (commentaire de texte et QCM de mathématiques, grammaire orthographe, culture générale) réussies,  le candidat devra réussir deux nouvelles épreuves: un  test sous forme de questions/réponses interactives, pouvant comporter des mises en situation à caractère pratique et déontologique et une « épreuve de gestion du stress », sous forme de parcours permettant l’évaluation de la gestion du stress du candidat . Il lui restera ensuite à réussir l’oral de langue étrangère, les épreuves sportives (communes aux 3 concours) ainsi que l’oral de motivation.

 

Le concours d’officier vient également d’être modifié pour l’année 2015.  Celui de commissaire devrait l’être prochainement. 

 

(Tous les renseignements à jour se trouvent sur le site « lapolicenationalerecrute.fr »)

 

L.R : Plus généralement, dans la logique de réduction budgétaire du ministère de l’intérieur, les années à venir verrons peut être une fusion entre les forces de police et de gendarmerie. Les gendarmes sont  sous l’autorité du ministère de l’intérieur depuis 2010 tout en gardant leur statut militaire. Il existe de plus en plus de formations mutualisées entre ces deux forces.

 

Dans l’avenir, si la fusion devient effective, le recrutement le sera sans doute également.



Pour plus d'informations, découvrez la page de Jobfair de la police nationale (ici)


Interview réalisée par Capucine Coquand, responsable presse pour Carrières-Juridiques.com