Avocats, comment intégrer les nouvelles technologies dans l’exercice de votre métier ?

Avocats, comment intégrer les nouvelles technologies dans l’exercice de votre métier ?

La justice prédictive, la robotisation des contrats, les chatbots. L’intelligence artificielle a investi le terrain du droit. Et les avocats doivent s’y faire. Au Legal Tech Show du 24 janvier 2018, la question était de comprendre comment changer son organisation et ses pratiques pour s’adapter à ces nouveaux outils.

Générer automatiquement des contrats, prédire les risques contentieux, conseiller à travers l’utilisation de chatbots. Est-il encore possible pour un avocat de regarder passer les dernières innovations technologiques sans en emboiter le pas ? Il n’est plus question de rédiger un contrat à la main, pratique d’un autre temps. Ni même de se faciliter la tâche avec l’utilisation du traitement de texte. Aujourd’hui, l’exercice du métier d’avocat tend bel et bien vers la délégation d’une partie de son activité à des robots.

 

La fin d’un mythe

 

 Au Legal Tech Show du 24 janvier 2017, Melik Boudemagh explique que le regard des avocats a changé. « Il y a eu un changement au niveau du fantasme que les avocats pouvaient avoir à propos de la technologie. Aujourd’hui la question n’est plus de savoir comment tout va changer, ou si cela nous menace. Aujourd’hui, on entre dans le concret ». 

 

Pour le fondateur de l’agence Hercule, qui accompagne les professionnels du droit dans leur transformation numérique, la difficulté n’est plus de rassurer mais de guider vers un emploi adapté de ces technologies. « Pensez à votre stratégie, vos besoins. La question que vous devez vous poser n’est pas de savoir si vous allez installer un outil prédictif ou un générateur de contrat, mais « qu’essayez-vous de faire ? » Envisagez concrètement ce que cela va changer dans votre méthode et pour votre organisation ».

 

Créer ses propres outils d’intelligence artificielle

 

Des changements que le cabinet Lexing – Alain Bensoussan a déjà intégrés. « On a fait le choix d’évoluer : moins d’assistance juridique, plus de développeurs et d’informaticiens » explique Marie Soulez, directrice du département Propriété intellectuelle.

 

Le cabinet spécialisé en droit de l’informatique a préféré « s’auto-ubériser », plutôt que de subir l’arrivée de start-up concurrentes. « Nous avons développé nos propres outils disponibles sur une plateforme pour nos clients. Outils contractuels, de legal factory, justice prédictive. L’avocat intervient pour donner des conseils stratégiques. C’est là que réside notre valeur ajoutée ».

 

Capitaliser l’expertise juridique

 

Pour Philippe Ginestié, avocat fondateur de Gino LegalTech, la force des outils de génération automatique de contrats réside dans la capitalisation de l’expertise. « Une fois le contrat fait, il ne reste plus qu’à l’enrichir avec une rédaction améliorée, intégrer les évolutions du droit ». L’outil devient une base de données permettant en quelques clics de produire des contrats lourds et complexes. « Avant, rédiger un pacte d’actionnaires me prenait 2 jours. Aujourd’hui, je peux le faire en une demi-heure » raconte l’avocat.

 

Ces outils sont-ils destructeurs d’emplois ? « Ceux qui ne se mettent pas aux nouvelles technologies doivent s’inquiéter » réfute Philippe Ginestié. Marie Soulez, rappelle qu’« un cabinet d’avocat reste une entreprise. Il doit penser son évolution et intégrer la transformation technologique ». Pour rester dans la course, mieux vaut donc s’adapter.

 

Emilie Coste