Nos conseils pour bien s'orienter durant ses dernières années d'université

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Nos conseils pour bien s'orienter durant ses dernières années d'université

Le droit, c’est mille chemins sous une seule appellation. Entre les différents concours, les branches qui vous passionnent et d’autres que vous souhaitez emprunter pour être sûr de votre avenir, il est parfois difficile de s’orienter quand on est à l’université.  Les indications manquent, les interlocuteurs aussi. Nous en avons rencontré un pour vous, et voici tous les conseils qu’il peut vous donner afin qu’à terme, vous vous accomplissiez là où vous choisirez d’aller. 

 

Cet article a été rédigé avec l’aide précieuse d’Elise Daniel, ATER à l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne. Nous lui adressons tous nos remerciements.

Jusqu’à la Licence 3 il est encore possible de ne pas se spécialiser pour ne pas se fermer de portes. De plus, une L3 spécialisée en droit privé ou en droit public n’est pas rédhibitoire pour s’orienter dans une autre branche par la suite. Le M1 est lui un premier pas vers une spécialisation future, d’où l’importance de bien le choisir.



Tout d’abord, il faut chasser l’idée reçue qu’un bon Master 1 ne s’effectue que dans les universités parisiennes. Les universités de province sont aussi dotées d’excellents professeurs, qui n’ont rien à envier à ceux de Paris 1 ou de la Paris 2. De plus, la vie parisienne est chère, les classes plus chargées et l’atmosphère moins intimiste ; c’est tout autant de paramètres qu’il convient de prendre en compte avant de s’élancer vers la capitale.


Elise Daniel : « J’ai effectué ma licence et mon Master 1 à l’Université de Nantes. En travaillant sérieusement durant ces quatre années, je n’ai pas eu de mal à être acceptée en Master 2 à Paris. Penser qu’une moyenne à 13 en Province et à Paris ne se valent pas est clairement une idée reçue qu’il faut chasser, la plupart des recruteurs pour les Master 2 ne pensent pas comme ça. Alors n’hésitez pas à profiter de l’université de votre ville natale le plus longtemps possible ! »



Ensuite, se poser une première question s’impose : « Jusqu’à présent, qu’ai-je préféré entre droit public et droit privé ? » Une orientation droit public général ou droit privé général peut être une bonne alternative pour les plus indécis, leur laissant encore beaucoup de choix d’orientation pour le M2.



Pour approfondir : 

> L'admission

Gardez à l’esprit qu’en France, il y a plus de places en Master 2 que de postulants. Alors courage,  même sans notes brillantes jusqu’au Master 1, vous avez vos chances pour être admis en Master 2. Ne vous auto-censurez pas et envoyez un maximum de candidatures !


Du point de vue des notes, ne pas avoir eu d’excellentes moyennes jusqu’au Master 1 ne vous interdit pas d’accéder à d’excellents Masters 2. En effet, un modeste 11 de moyenne accompagné d’expérience(s) professionnelle(s), associative(s), un projet professionnel intéressant et surtout beaucoup de motivation pour un dossier de candidature soigné peut parfaitement vous faire entrer dans de très bons M2, y compris parisiens. Mettez donc en avant votre personnalité et vos activités extrascolaires, cela peut vous permettre de tirer votre épingle du jeu.


Une mise en garde tout de même : par prudence, évitez de mentionner un engagement politique. Vous risquez des questions à ce propos en entretien ; or, un engagement politique est personnel et ne doit pas rentrer en ligne de compte lors d’un processus d’admission. De plus, vous  ne savez pas à qui vous aurez affaire, de quelle sensibilité politique relèvera votre interlocuteur …


Tout de même, faites attention à votre parcours universitaire depuis la licence : être passé aux rattrapages ou avoir redoublé une année peut être handicapant. Néanmoins, vous pouvez compenser ce genre d’impairs avec  des stages effectués durant votre parcours, un contrat de travail assumé en parallèle à la faculté, etc.




> Privilégier la passion ou la raison ? 

Bien souvent, on entend des étudiants rêvant à une carrière de pénaliste, mais s’orientant en droit des affaires car ils pensent s’assurer un avenir plus serein dans ce domaine.


Alors mieux vaut-il choisir une branche du droit qui nous passionne mais réputée difficile pour y réussir, ou une spécialité qui nous intéresse moins, mais qui nous permettra de s’assurer un bon salaire et une collaboration en peu de temps ?



Elise Daniel nous donne les bonnes questions à se poser lorsqu’on fait face à pareil dilemme :


-          Quels horaires de travail suis-je capable de supporter ? Le droit des affaires est certes porteur, mais s’accompagne bien souvent de rudes horaires, surtout durant les premières années. Choisir une branche du droit dans laquelle les horaires sont plus supportables peut permettre un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.


-          Où me vois-je travailler durant les quarante prochaines années ? Il est bien sûr possible de changer de voie en cours de vie professionnelle, mais une spécialisation peut aussi mener à travailler très longuement dans le même secteur. Choisir une spécialité lucrative mais pour laquelle on a aucun attrait peut être difficile à vivre dans la durée.


-           Est-ce important pour moi de combiner travail et passion ? Ou bien mon travail n’est qu’une part annexe de ma vie, je peux vivre mes passions en dehors et en être heureux ? Pour certaines personnes, leur emploi doit forcément correspondre à leur passion. Ainsi, il est inconcevable pour eux de travailler dans un secteur qui ne les captive pas, sans quoi ils se sentent incomplets. Réfléchissez à votre cas, peut-être faites vous partie de cette catégories de personnes … ou peut-être pas du tout. Par exemple, si vous pensez qu’une passion pour la plaidoirie peut être également assouvie par des cours de théâtre en dehors de votre temps de travail, peut-être pouvez-vous vous contenter d’une carrière juridique qui n’en comporte pas ?


-          Ne suis-je pas en train d’idéaliser un secteur ? Bien souvent, les étudiants ont une vision idéalisée des métiers de pénalistes, juristes dans des grandes organisations internationales, juges, professeurs, etc. Il ne faut pour autant pas oublier que les grandes affaires pénales sont rares, que la possibilité d’initiative est parfois très réduite lorsqu’on travaille dans une grande institution, et que les charges administratives représentent une bonne moitié du quotidien d’un professeur de droit.  La seule chose à faire pour se prémunir de cet écueil est de s’entretenir avec des gens qui font le métier que vous visez et multiplier les stages. Ainsi, vous serez certains d’avoir une vision réaliste du secteur auquel vous ambitionnez d’appartenir.


-          L’eldorado d’aujourd'hui le sera-t-il encore demain ? Le droit est aussi un secteur qui voit passer des modes. En effet, si le droit fiscal parait aujourd'hui porteur d’emplois et de salaires élevés, au vu du nombre grandissant de candidats à ces postes, le secteur sera-t-il aussi attractif dans quelques années ? Rien n’est moins sûr. En revanche, votre passion pour un domaine lui, peut être plus pérenne.


 

Enfin, deux conseils :


-          Travaillez ! Il n’y a pas de secret : quiconque travaille pour un objectif peut l’atteindre. Le travail paie : vous pourrez réussir dans un domaine difficile grâce à votre passion, votre opiniâtreté et votre exigence envers vous-même.


-          Essayez ! Vous êtes jeune, si vous êtes passionné par le pénal, pourquoi ne pas essayer de travailler en temps que pénaliste durant quelques années, voir si ce quotidien vous convient, et bifurquer vers une autre spécialisation si ce n’est pas le cas ? En cabinet les différentes spécialités sont très interconnectées, essayer ce n’est donc pas renoncer.



Pour approfondir : 




Delphine Sitbon, pour Carrières-juridiques.com