Université d'hiver du barreau de Paris : Tableau idyllique ou poudre aux yeux ?

Université d'hiver du barreau de Paris : Tableau idyllique ou poudre aux yeux ?

Les 11 et 12 décembre l’ordre des avocats au barreau de Paris organisait pour la première fois de son histoire, des universités d’hiver. « Conquérir » est le thème traité tout au long de ces deux jours au sein de la prestigieuse maison de la mutualité. Les ministres Emmanuel Macron et Christiane Taubira ont notamment profité de l’événement pour s’adresser aux avocats parisiens.

Ambiance de sport d’hiver à la maison de la mutualité. Décorée de sapins enneigés, la salle plénière plus habituée aux discours politiques a ouvert ses portes le jeudi 11 décembre pour accueillir les avocats de la capitale. L’espace de deux jours, Pierre-Olivier Sur et Laurent Martinet ont endossé le costume de maîtres de cérémonie. Le bâtonnier du premier barreau de France donne le ton dès son discours d’accueil.  « Conquérir nous permet d’aller au-delà des limites », explique Pierre-Olivier Sur.


« Conquérir  » quoi, comment, pourquoi, dans quel sens ? Philosophes,  journalistes, fonctionnaires, professeurs, historien, rabbin, chirurgien, entrepreneur, mathématicien, prêtre, sont venus animer les débats autour de la conquête de l’opinion, de l’avenir ou encore du bonheur. Si des sujets quelques peu abstraits ont été abordés, ils ont su laisser place à des thèmes bien plus concrets. C’est notamment le cas de la table ronde sur le thème de  « l’évolution de la profession d’avocat ». Celle-ci visait à répondre à la question : quelle perception les avocats ont-ils de leur métier, de ses conditions d’exercice et de son avenir ? Pierre Olivier sur et Laurent Martinet ont confié à l’institut de sondage, l’ifop, le soin de réaliser une enquête auprès des avocats parisiens (voir l’article Quelle perception les avocats ont-ils de leur métier, de ses conditions d’exercice et de son avenir ?).


Particulièrement chargée, la journée de vendredi a elle aussi tenu ses promesses. Le matin Emmanuel Macron est venu apaiser les avocats de la capitale à propos de la loi présentée officiellement deux jours auparavant, sur la croissance et l’activité. Le ministre s’est voulu pacificateur. Concernant l’avocat en entreprise, celui-ci a rappelé qu’il ne pourrait pas plaider et qu’il n’aurait aucune clientèle propre. « C’est un statut qui peut vous donner de nouvelles perspectives, si on veille à bien l’encadrer » précise-t-il. Concernant l’ouverture du capital, le ministre a précisé qu’elle serait limitée aux métiers du droit et du chiffre. « Je veux que l’esprit d’entreprise et de conquête anime les professions du droit », conclu-t-il.  Accueilli dans les hués, le ministre de l’économie a finalement quitté la salle plénière de la mutualité sous les applaudissements.


Enfin, après une journée et demie de tables rondes, s'est tenue la traditionnelle rentrée du barreau de Paris et de la conférence. Tous les membres de du conseil de l’ordre et des anciens bâtonniers du barreau étaient présents pour l’occasion. « Pour 2015, nous voulons témoigner d’un barreau présent et engagé », a expliqué Pierre-Olivier Sur, devant la salle plénière quasi-comble. La ministre de la justice, a elle aussi profité de l’occasion pour s’exprimer face aux robes noires présentes dans l’assemblée. Augmentation de 10% de l’aide juridictionnelle, postulation, installations de bureaux secondaires, avocats en entreprises, ouverture du capital ont été abordés par la ministre. Les applaudissements de la salle ont laissé place au discours de Paul Fortin, premier secrétaire de la conférence.  


Intervenants de très grande qualité, sujets abordés philosophiques et concrets, éloquence en tous genres, l’événement illustre à merveille le rayonnement du barreau parisien voulu par ses représentants Pierre-Olivier sur et Laurent Martinet. Tableau idyllique ou poudre aux yeux ? Les quelques avocats membres du conseil de l’ordre présents à la sortie de la maison de la mutualité se disant « trahis par leur bâtonnier »  ont d’ores et déjà leur avis sur la question. 



Capucine Coquand, responsable éditorial pour Carrières-Juridiques.com