Engie : le partage d'expertises entre 500 juristes et l'entreprise

Engie : le partage d'expertises entre 500 juristes et l'entreprise

La direction juridique d’Engie rassemble quelque 500 juristes, répartis entre le siège et les 24 business units que compte le groupe. Parmi elles, certaines couvrent les métiers du groupe dans des zones géographiques spécifiques : France (BtB, BtC, renouvelables, réseaux), Royaume-Uni, Benelux, Europe du Nord/Sud/Est, Amérique du Nord, Amérique Latine, Brésil, Afrique, Moyen-Orient, Chine et Asie Pacifique. D’autres sont globales : gaz naturel liquéfié, global energy  management, tractebel engineering, GTT, Generation Europe et, enfin, quatre concernent les infrastructures : Grdf, Grtgaz, Storengy et Elengy.

À la tête de la direction juridique d’Engie, François Graux a occupé plusieurs fonctions au sein du groupe avant de se consacrer à la gestion de la filière juridique. Avocat de formation, il embrasse la carrière de juriste d’entreprise chez Tractebel, filiale du groupe Suez, où il sera par la suite chargé des activités de développement en Asie Pacifique. De retour à Bruxelles, il devient directeur du service juridique de Suez Energy International puis de GDF-SUEZ Energy Europe and International. Il poursuit sa carrière à Londres, au sein d’International Power, alors filiale cotée d’Engie, avant d’accéder, en 2013, à la fonction de directeur juridique groupe d’Engie, en région parisienne cette fois. Sa feuille de route : faciliter le business de l’entreprise tout en préservant son intérêt social. Deux missions qui ne sont pas toujours évidentes à concilier.

 

Carrières Juridiques. Comment s’organise la direction juridique d’Engie ?

François Graux. Il faut bien comprendre que la direction juridique assure un rôle de fond : celui de conseil auprès du secrétariat général d’Engie. La filière juridique compte au total plus de 500 juristes : une cinquantaine occupent une fonction au siège central et 450 sont répartis dans les différentes business units (BU). Les directeurs juridiques rendent des comptes à leur patron de BU pour 50 % de leur travail et au directeur juridique groupe pour le reste. Ce système de matriçage a été adopté il y a longtemps et fonctionne plutôt bien, dans la mesure où les juristes sont intégrés au business tout en gardant leur indépendance (grâce à leur appartenance à la filière juridique). Mon rôle est d’animer cette filière tout en m’assurant que la politique juridique globale du groupe soit respectée. Des reportings et réunions
physiques ou par médias interposés ont lieu régulièrement. 

La compétence de chaque juriste prime sur l’appartenance à une BU particulière. Le but est de créer des synergies, comme ce peut être le cas dans certains cabinets d’avocats intégrés. 

 

Quel est le type de gouvernance de la direction juridique d’Engie ?

La gouvernance de la direction juridique d’Engie se présente comme un processus de coconstruction et de consensus global qui répond notamment à des exigences de transparence. En tant que directeur juridique groupe, je travaille en collaboration avec les 24 directeurs juridiques de BU. À échéance régulière, des propositions sont présentées et discutées au sein de notre organe de décisions collégiales qui réunit les six directeurs juridiques du siège central et les 24 directeurs juridiques de BU. C’est une sorte de parlement, mais sans vote, sans majorité ou sans opposition. Rien n’est décrété sans concertation.

 

Comment vous positionnez-vous par rapport aux organes de direction ?

La filière juridique est rattachée au secrétariat général. Je fais donc des reportings au secrétaire général, directeur général adjoint du groupe. La direction juridique participe également au Comité des engagements du groupe. Elle est par ailleurs très souvent sollicitée par la direction générale et le secrétaire général pour donner des avis. Dans les BU, la grande majorité des directeurs juridiques sont directement rattachés au CEO de la BU. Toutes les questions relatives à l’éthique et à la compliance relèvent également de la direction juridique, tant au siège que dans les BU.

 

En tant que directeur juridique, quelles missions assurez-vous au sein d’Engie ?

Mon rôle ressemble à celui de tout juriste d’entreprise chez Engie : être un partenaire de confiance du business. Cela suppose la réalisation de deux tâches particulières : faciliter le business et préserver l’intérêt social de l’entreprise. Il est parfois difficile de concilier ces deux fonctions. Lorsqu’une entreprise prend des risques, ce ne peut pas être au détriment des règles en vigueur. Pourtant, une entreprise doit nécessairement, à un moment ou un autre, prendre des risques pour se développer.

Le directeur juridique joue à ce moment-là un rôle primordial : il identifie, analyse et mesure le risque pour le minimiser autant que possible. Les juristes d’Engie sont consultés en permanence, ce sont de véritables conseillers et partenaires de l’entreprise.


PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE CALVO