Dominique Attias : « Le barreau de Paris répond présent »

Dominique Attias : « Le barreau de Paris répond présent »

Vice-bâtonnier élue du barreau de Paris, Dominique Attias a été désignée pour coordonner l’action des avocats au service des victimes et de leurs familles suite aux attentats du 13 novembre dernier. Une initiative qui démontre l’engagement du barreau de Paris dans les situations de crise. Une occasion aussi pour l’avocate, de nous livrer son sentiment sur les mesures d’urgence prises par le gouvernement, et son inquiétude quant à l’atteinte aux libertés.  

Carrières-Juridiques.com.  Quelle forme prendra votre initiative d’accueil et de conseil ?


Dominique Attias. Nous allons organiser des formations pluridisciplinaires avec toutes les associations en charge des victimes, que ce soit sur un plan psychologique ou juridique. Ces formations ont vocation à être continues. Nous voulons une mobilisation durable, pour que notre mobilisation ne retombe pas. D’autre part, nous réfléchirons très prochainement à la façon dont les victimes seront indemnisées, et à la façon dont nous pouvons les aider. Je pense aussi aux enfants devenus orphelins suite à ce drame, nous devons impérativement être à leurs côtés et accompagner leurs démarches de façon bénévoles. Nous devons par ailleurs organiser une façon de les mettre en lien entre elles. Il est important qu’elles puissent partager leur malheureuse expérience.


C-J.com. Vous allez mettre en place une formation pour vos confrères, pouvez-vous nous en dire plus ?


D. A. Elle aura pour objectif de mieux préparer les avocats à accompagner les victimes. La première formation aura lieu le 25 novembre prochain. Il faut une formation juridique très pointue en dommages corporels mais aussi pouvoir leur apporter un soutien psychologique et les orienter tout de suite. C’est une façon de montrer que le barreau de Paris répond présent. L’idée est plus largement de mettre en place un modèle dont les barreaux de province pourront se servir pour organiser à leur tour ce genre de formation. Car le travail que nous faisons sur Paris doit être un outil pour tout le territoire. Nous voulons par ailleurs que nos confrères soient un maximum informés des colloques qui existent dans les domaines de la psychologie ou de la traumatologie. Nous devons impérativement être en lien avec ces professionnels.


C-J.com. Combien d’avocats attendez-vous à cette première formation ?


D. A. Nous avons déjà 179 inscrits. Mais nous avons réservé l’amphithéâtre de l’EFB pouvant accueillir trois-cent personnes, et je pense qu’il sera plein…


C-J.com. Justement, allez-vous intégrer l’EFB et les élèves avocats dans ce mouvement ?


D. A. Evidemment ! Les formations auront d’ailleurs lieu à l’EFB et les élèves avocats seront les bienvenus. Nous allons aussi mettre à disposition de l’école une formation initiale. Nous en avons d'ores et déjà discuté au sein de l’ordre.


C-J.com. Certains juristes se sont exprimés sur le projet de loi initié à la suite des événements, craignant une atteinte importante aux libertés…


D. A. Nous, les avocats, craignons que les lois liberticides prises dans la période d’urgence que nous vivons ne se pérennisent et qu’on restreigne par conséquent le champ des libertés des citoyens. J’ai toujours peur des décisions prises sous le coup d’une émotion, même si celle-ci est justifiée. Je me demande si cette surenchère sécuritaire ne risque pas de mettre en jeu les libertés et de déboucher sur des dérapages. La mission d’un homme politique n’est-elle pas de prendre de la hauteur dans ce genre de situation ? Décider trois mois d’état d’urgence, c’est énorme et symptomatique. Tout le monde se mobilise, et on se demande pourquoi ça n’a pas été fait avant.

 

Propos recueillis par Capucine Coquand.

@CapucineCoquand