« On va demander aux robots de prêter serment », rencontre avec Olivier Cousi et Nathalie Roret

« On va demander aux robots de prêter serment », rencontre avec Olivier Cousi et Nathalie Roret

Malgré un désintérêt de certains avocats pour les campagnes du bâtonnat, les candidats Olivier Cousi et Nathalie Roret mènent une campagne sportive grâce à l’énergie et au réconfort de leurs équipes de binômes.

 

A l’occasion d’un débat intitulé « L’avocat 3.0 : nouvelles technologies, nouveaux marchés, nouvelles opportunités », le duo, briguant respectivement les postes de bâtonnier et de vice-bâtonnière, ont manifesté l’importance qu’ils accordent à la legaltech en se plaçant dans une posture plus souple que les autres candidats.

Comment conjuguer l’essor des legal startups avec la profession d’avocat ?

 

« Les confrères et anciens confrères qui ont entrepris la création de legal startups ont été confrontés à deux réalités ».

 

D’une part, des points de rencontre, avec des avocats créateurs de leurs propres plateformes numériques. S’ils sont élus, les candidats envisagent à ce titre un rapprochement entre l’incubateur du barreau de Paris et l’Institut du barreau de Paris.

 

NDLR : porté par les candidats, le projet d'un Institut du Barreau de Paris interviendrait notamment dans la modernisation de la formation continue des avocats. Le quotidien d'un avocat d’aujourd'hui étant sensiblement différent de celui du début des années 2000, l’enseignement des élèves-avocats doit naturellement poursuivre cette évolution et s’adapter, en intégrant par exemple de nouvelles matières telles que la compliance, l’éthique, ou encore les problématiques RSE. Il conviendrait également de développer et renforcer les partenariats avec les Universités et les médias afin d’élargir les compétences des futurs avocats.  

 

D’autre part, ces créateurs de startups sont confrontés à des points de friction liés à la protection de la compétence, de la confiance et de l’indépendance des avocats. Une protection des outils utilisés par les avocats pourrait passer par la mise en place d’une cellule de sécurité informatique (comment sont surveillés les réseaux ?), qui n’existe pas aujourd’hui.

 

Les relations entre les avocats et les prestataires des outils digitaux, souvent basés en Californie, souffrent d’une non-conformité à notre droit et nos principes déontologiques.

 

Comment assurer la protection de la confiance du client en son avocat ?

 

Il faut distinguer entre les services d’information juridique et de conseils juridiques. « Pour les services de conseil juridique en ligne (type Rocket Lawyer), on va demander aux robots de prêter serment, via des accords clairs passés avec le barreau de Paris ».

 

Il ne faut pas interdire les prestataires non-avocats et s’opposer à l’évolution technologique à l’instar de ce que l’on a pu observer pour l’industrie de la musique à l’occasion de l’apparition du disque.

 

Il conviendrait de mettre en place une charte éthique par laquelle les legal startups s’engageraient à accepter les principes de compétence, d’assurance et de respect du périmètre des professions réglementées.

 

L’ordre des avocats de Paris est le premier à avoir mis en place des labels afin d’identifier et de stigmatiser les services qui ne respectent pas les règles de déontologie, et notamment la dignité des avocats en particulier en termes de rémunération. Sur ce point, et afin d’éviter l’uberisation de la profession, il conviendrait d’instaurer un partage équitable entre l’avocat et le prestataire.

 

« Cette régulation est possible, l’Ordre des avocats de Paris étant l’autorité régulatrice en ce domaine. »

 

Résumé des engagements des candidats

 

« Les avocats français ont diversifié leurs activités depuis de nombreuses années. Aujourd'hui, de nouvelles possibilités continuent de s'ouvrir aux avocats, liées à plusieurs tendances : entrée en vigueur de nouvelles réglementations multipliant les obligations pour les entreprises (lutte contre la corruption, protection des données personnelles...), innovation technologique et développement des plateformes de services juridiques en ligne, nouvelles règles d'interprofessionalité... »

 

1/ Un ordre plaçant l'avocat au centre de l'économie numérique du droit et protégeant la profession contre les concurrents déloyaux ;

 

2/ Un ordre favorisant la conquête par les avocats de nouveaux marchés tels que la compliance, la protection des données, les services juridiques en ligne et l'intelligence économique ; 

 

3/ un Ordre encourageant le développement des structures interprofessionnelles, nouvelle opportunité de croissance. 

 

Pour en savoir + sur le programme des candidats, lire notre article ici

 

Pierre Allemand
@Pierre_Ald